Aux abords de la rue de Rosny, à la lisière de l’autoroute au nord-est de la ville de Montreuil ; des baraquements. Ces habitations de fortune sont logées entre les murs à pêches dont les fruits étaient au 17e siècle consommés à la Cour de France. à l’entrée, des enfants chahutent sur leurs vélos. Lorsqu’ils nous aperçoivent, ils s’approchent en criant, « Colette, Colette ! ». Ils connaissent bien cette rouquine d’une soixantaine d’années qui s’adresse à eux en romani. Elle a cofondé en 2010 l’association Ecodrom. L’objectif affiché ? « Ruraliser la ville » en développant des jardins sur des terrains à l’abandon. C’est donc un grand potager que je découvre après une traversée rapide du campement, emportée par l’enthousiasme de mes guides.
Échapper à l’expulsionEn réalité, sous couvert de cultiver des légumes, Colette Lepage permet à plusieurs familles roumaines d’échapper à l’expulsion. Tout commence en 2008, alors que Colette travaille dans son propre jardin. Elle se lie d’amitié avec Eva, qui vit dans une baraque de l’autre côté de la route. « Lorsque j’ai vu que ces familles venant de la campagne s’y connaissaient, je me suis dit qu’elles pourraient habiter sur des terrains à l’abandon si elles les cultivaient », lâche Colette. Avant qu’elle n’y mette son grain de sel, les familles de la rue de Rosny faisaient l’objet d’une Obligation préfectorale de quitter le territoire (voir encadré) et d’une assignation à quitter le terrain de la part de la municipalité. « Nous avons gagné en justice face à l’État et la Mairie », se félicite Thérèse Leprêtre, avocate et cofondatrice d’Ecodrom. Et de poursuivre : « Après cette victoire en janvier 2011, l’association a pu passer des conventions d’occupation précaires avec la mairie pour cultiver les terres inutilisées ». Ces accords reconnaissent un droit de jouissance moyennant une faible, voire aucune, contrepartie financière. C’est ainsi que les familles entretiennent les terres rue de Rosny. « Nous savons qu’elles y vivent aussi. Mais leur présence ne nous pose aucun problème car cela se passe très bien », explique-t-on du côté de la Mairie.
Une solution temporaireà partir du 1er janvier 2014, les travaux du tramway pourraient forcer les familles à se déplacer. Car il suffit d’un préavis de deux mois à la municipalité pour récupérer les parcelles. Il en va de même pour les familles installées non loin de là, dans de petites maisons impasse Marseuil. Ces dernières pourront y vivre encore deux ou trois ans avant que ne débute la construction d’un éco quartier. Ce qui laisse le temps de travailler sur « l’insertion des familles » et de trouver une solution durable, estimet- on à la Mairie. La levée des restrictions d’accès au marché de l’emploi pour les Roumains et les Bulgares devrait faciliter cette insertion. Au final, la solution initiée par Ecodrom ne coûte rien et aurait de quoi inspirer de nombreuses communes.
Photo : Agnès Pain
" ...Créée à la suite de l’incendie d’un squat, la Mous concerne environ 350 personnes mais n’intègre pas les occupants des campements sauvages qui se sont montés depuis. ... "
"... Ici, pas de vigile ni de berger allemand pour filtrer les entrées. Une pratique courante dans les « villages d’insertion », ces lieux dont les associations roms et tsiganes dénoncent le caractère quasi carcéral. Claude Reznik, conseiller municipal adjoint en charge des populations migrantes, estime qu'à Montreuil il y a « une certaine souplesse ». Mais pourquoi un lieu clos dont l’accès reste peu ou prou surveillé ? ..."
" ...Une fois que l’on s’est battu pour qu'ils ne soient pas expulsés, qu'est-ce qu'on fait ? C’est là que tout commence.”Colette Lepage et les autres membres d'Ecodrom, une association créée en 2010 et indépendante de la municipalité, mène depuis trois ans une action originale basée sur l’agriculture et l’économie solidaire... "
" ... L'expérience, qui allie autosuffisance et insertion dans le tissu urbain et social, est (presque) unanimement saluée... "
".......Un grand nombre de familles roms en Europe vivent dans des conditions précaires à la périphérie de la société. Pour remédier à la marginalisation et à la stigmatisation en Allemagne, en France et en Europe du Sud, nous avons développé le projet HÔTEL GELEM avec les familles roms."
"....À l’occasion d’une exposition à Berlin nous avons été contactés par le Conseil de l’Europe. Le Conseil de l’Europe a attribué en 2012 le label «Événement culturel» au projet «HÔTEL GELEM».
"...Conçue à l'origine pour les grands événements, cette distinction fut un défi pour notre petit projet décentralisé et symbolique. L'attribution de ce label a été célébré en décembre 2012 comme petit événement avec Ecodrom93 et des représentants du Conseil de l'Europe à Montreuil à l'HÔTEL GELEM. Une date avait été convenue, la municipalité a été invitée mais n'a pas répondu......."
" ...Voilà plus de deux ans qu’ils travaillent avec les Roms de la rue de Rosny à Montreuil. A l’automne 2011, ils ont rencontré Alex, grâce à l’association Ecodrom93 qui avait réussi à obtenir un bail précaire pour les trois familles implantées. "
".....Les Roms apparaissent toujours comme un problème et non comme des individus», observent les deux artistes. Mathias et Christoph ont découvert l’ampleur des préjugés en 2010 lorsque, invités à la Biennale des jeunes artistes de Bucarest, ils ont proposé d’installer un cybercafé dans un village rom pour le connecter à l’espace d’exposition et faire ainsi entendre la parole des exclus..."
"... l'association Ecodrom93 a développé 2 jardins d'insertion, d'économie solidaire et d'autosubsistance pour plusieurs familles de Roms"
"... d'autres activités sont prévues pour améliorer l'ouverture du terrain comme l'aménagement d'un espace d'expérimentation agricole (utilisation du BRF*, ...), l'organisation des visites pour les enfants des écoles et des structures périscolaires du quartier, la confection et la ventes de soupes l'hiver et de crudités l'été, ou encore l'organisation de 2 journées de trocs de plantes et de semences."
*BRF : Bois Raméal Fragmenté
L’idea di questa nuova forma di turismo solidale è germogliata nella mente di due giovani artisti svizzeri residenti a Berlino, Christoph Wachter e Mathias Jud, che si sono già fatti conoscere in passato per aver creato un sito, Zone interdite, in cui sono catalogati tutti i luoghi più segreti della terra (basi militari o prigioni tipo Guantanamo). L’anno scorso, Christoph e Mathias, durante un soggiorno a Bucarest hanno avuto modo di incontrare molti rom e parlando con loro si sono resi conto di quanto questa comunità soffrisse di emarginazione e povertà. I rom, mi spiega Mathias, «ci hanno raccontato che la loro triste condizione è dovuta ai pregiudizi che buona parte della gente nutre nei loro confronti.
« ...Christoph Wachter & Mathias Jud se ont pris pied immédiatement sur le terrain en passant deux nuits avec les Roms qui vivent dans les murs à pêches. Ils ont parlé à Ecodrom d'un Hôtel qu'ils avaient installé dans un parc à Berlin, sous forme de tente. Ce projet a beaucoup plu à l'association et ils ont élaboré ensemble cette idée d'un Hôtel pouvant recevoir toute personne de passage.... »
« ...Entre les quelques murs d’un ancien domaine rural se trouvent 15 petites huttes où vivent des familles, rassemblées provisoirement sous un toit de matériaux trouvés. Murs en carton, portes d’armoire, panneaux publicitaires et vieilles fenêtres – ou encore des toits à pignon faits d’un peu de tôle ondulée, de rayons d’étagère ou de feuilles de plastique –.... »
« ...Pourtant, la dimension pittoresque de la situation ne cache en rien le fait qu’ici, la vie est dure. L’après-midi, j’apporte des crayons gras et je dessine avec les petits. Le papier et les crayons sont rares par ici, les femmes et les hommes se joignent à nous, eux aussi veulent dessiner. J’esquisse des poules, des voitures, des caravanes. Toutes les grandes personnes dessinent maladroitement encore et toujours des toits, murs, fenêtres et portes. Ils dessinent les maisons dont ils rêvent. Rien à leurs yeux n’est plus désirable que d’arriver dans un vrai chez-soi.» .... »
« ...Le lien avec une famille Rom habitant des cabanes tout près de la Résidence, s'est créé autour du Jardin Partagé. Il y a eu des échanges autour du jardin et du compost , de là est venue l'idée du projet Ecodrom : ECO: écologie et économie, et DROM : « le chemin » en tsigane et en grec..."
« ….Les relations se sont créées autour de l'action ; l'important, c'est d'agir et il n'y a pas plus efficace que l'agriculture... »
« ...Un prétexte tout simple mais d'une efficacité redoutable pour venir en aide aux familles roms : les aider à cultiver leur propre potager.»
".....Petit à petit, les enfants viennent au lieu d'accueil parents-enfants de SFM (Solidarité Français Migrants), puis aux ateliers de peinture, de musique, etc.. A travers les enfants, Colette atteint les parents, plus difficiles d'accès. Des contacts se lient....."
« ...Sa petite-fille, Flavia, a fait sa rentrée en 6ème en septembre ; le grand-père, spécialiste du jardin donne des conseils pour le potager qui lui apporte sa ration quotidienne de fruits et de légumes frais.Bref, cette famille goûte enfin à une vie paisible, après huit ans d'errance entre bidonvilles et squats..... »
« ...Des vacances en plein milieu d'un campement de Roms ? L'initiative «Hôtel Gelem» les propose - non pas dans l'idée de faire une sorte de safari néo-colonialiste, mais au contraire : pour casser les barrières qui divisent la société dans les pays européens.... »
" ...J’ai parfois tendance à me prendre pour un bobo de compétition, avec mes pénates rue Oberkampf, mes légumes bios made in AMAP ou le vélo qui me sert d’auto, mais je viens pourtant de prendre une sacrée leçon de vie : le bobo ultime, le dur, le tatoué, c’est désormais celui qui passe ses vacances dans un bidonville Rom du 9-3 et trouve ça tout simplement formidââble... "
"... On est à Paris, là. Vous le croyez ? J’ai rarement eu un tel accueil » sourit ce passionné de voyages qui a découvert cette adresse pour le moins insolite par un article de presse. C’est tout ce que j’aime en termes d’authenticité et de rencontres improbables avec des gens qui ont le cœur sur la main. Dire qu’un peu plus, je passais ce temps précieux dans un hôtel aseptisé, comme il en existe des centaines, des lieux sans identité ...."
".... En dix ans, ce drôle d'« établissement », réservé aux adultes, a formé 1500 personnes de 20 à 60 ans, à tenir en équilibre sur une bicyclette,...."
" ...Depuis, chaque samedi et dimanche, pas moins de 100 adultes osent se mettre en selle sur un des 90 vélos de la structure..... »
" ... 88% de ces personnes viennent d'ailleurs en Ile-de-France, nous ne pouvons plus faire face à la demande. L'idée est maintenant de recentrer l'activité sur les habitants de Montreuil », insiste François Fatoux. Hier après-midi, après un week-end d'apprentissage chargé, Rémy Albaric, l'actuel président de VVV en charge notamment de l'aspect technique était en plein travail. « Je répare les vélos, avec l'aide de quatre Roms, dans le cadre d'un partenariat avec l'association EcoDrom », précise-t-il entouré hier de Constantin, 18 ans, Flavius, 17 ans, et Malin, 22 ans. L'objectif est de sensibiliser ces jeunes Roms au métier de réparateur de vélos. " C'est très intéressant ", sourit Constantin. Avec ses amis il vient une fois par semaine bénévolement pour se former. A tous niveaux, ça roule pour la vélo-école..... "
" … Bottes aux pieds, Irène Weidmann, chef de projet au Conseil de l'Europe, a bravé hier la pluie et la boue pour venir dans le camp des Roms de la rue de Rosny, à Montreuil, récompenser le projet de l'Hôtel Gelem ..."
"... Ce dernier a été imaginé par deux artistes suisses Mathias Jud et Chrsitophe Wachter. Depuis un an, en partenariat avec l'association Ecodrom créée par deux voisines Colette Lepage et Thérèse le prêtre, les familles roms de ce village proposent à tout un chacun de venir dormir -pour 15 euros- dans leur chambre d'hôte ... "
" ... Cette chambre d’hôtes atypique est située sur le campement Rom du quartier des murs à pêches ... "
" ... Un excellent moyen de découvrir l’hospitalité et la culture Rom ! ..."
"... Un grand merci à Colette et Jeanne de l’association Ecodrom pour leur accueil et leur imagination débordante ! ... "
"... Ce que je viens de vivre est unique et inespéré à Paris », sourit ce polytechnicien âgé d'une quarantaine d'années, marié et père de trois filles. Il est venu du Mans passer quatre jours en région parisienne dans le cadre de son travail. Plutôt que dormir dans une chambre d'hôtel, il a opté pour une chambre d'hôte peu banale, dans un bidonville rom situé dans le quartier des Murs-à-Pêches à Montreuil. Dépaysement assuré. ...."
« ..Tiré à quatre épingles, les cheveux luisants et l'air étonnamment apathique, Alex 29 ans, chasse les deux molosses qui surveillent l'entrée du camp : « Bienvenue chez nous ! » sourit-il... »
"... C'est au terme d'une longue bagarre juridique que Colette Lepage, fondatrice de l'association, et les bénévoles ont réussi à éviter l'expulsion du groupe. Le projet qui s'inscrit dans la logique du nouveau quartier urbain de Branly Boissière, est en accord avec les méthodes de culture écologique pratiquées dans la province d'Arad, leur région d'origine de Roumanie …"
«..Alex est lucide, et sait que les familles ne pourront pas s'éterniser sur ce terrain : en 2015, le tramway entrera en fonction juste à côté. Nous devrons sûrement partir et trouver un autre endroit....»
premier jour d’école, repas joviaux, nettoyage du terrain ou encore l’intervention de la police venue les déloger… tout semble perdu et pourtant tout est possible.
« ...L'histoire d'Ecodrom, c'est une belle histoire, bien réelle, comme on aimerait qu'il en existe plus souvent. Une aventure avec des hauts et des bas, des difficultés et des réussites ; une somme d'humanité partagée, de mains tendues et de rencontres improbables qui finissent par construire un projet à mille lieux des discours stigmatisants que l'on entend trop souvent.... »
« ...En mai 2010, naît Ecodrom. Éco pour “écologie” et drom, du Grec ou du Romanès, qui signifie “le chemin”. Eva et Sami, les parents fréquentent en effet de plus en plus souvent le jardin collectif du quartier et s'intéressent aux techniques employées : « J'ai vu qu'ils s'y connaissaient », remarque Colette. Et si cette famille devenait pionnière du retour à Montreuil d'une agriculture urbaine ?... »
« ..Quant à l'association Ecodrom – au sein de laquelle Gadjé et Rroms siègent à part égale au conseil d'administration – elle démontre bien plus que çà : « Que l'on peut faire autrement avec les gens que d'être toujours dans la méfiance, dans la défiance, dans la peur... ».
"... J'habite Montreuil et j'avais 50 m à faire pour aller chez eux, raconte Laurence Doumic. Pendant un an, seule gadgé au milieu des Roms, ils m'ont adoptée comme si j'étais une des leurs....."
" … Pas d'interview dans ce documentaire où le téléspectateur est guidé par la voix off de Colette Lepage -une « amie des Roms » à l'origine d'Ecodrom, un projet agricole mené avec une trentaine de Roms de la ville- mais des tranches de vie où l'émotion et la poésie affleurent à chaque scène ... "
"... On ne se dorlote, pas dans l'existence, quand on décide d'accompagner des gens qu'on aime et qui sont dans la mouscaille, mais il n'y a pas d'autres moyens d'être en paix avec soi-même. Colette se lance donc, la tête la première. Pas seule. Elle rameute tout un gouvernement : Jeanne, Thérèse, Manu, Richard, Laurent, Ivan, Laurence et d'autres.... chacun son ministère ..."
"... Une question les agite : où trouver la baguette magique qui transformera cette cabane de bric et de broc en un habitat durable et décent ? Comment faire mentir la météo administrative qui promet chaque jour expulsion, démolition, séparation ?... »
".....Si d'autres associations de Montreuil mènent un travail de suivi (sanitaires, scolaire, etc..)auprès de nombreux Roms de la ville, aucune n'a poussé aussi loin la démarche privilégiée par Ecodrom : encourager les familles concernées à développer leur savoir-faire, tabler sur l'auto-suffisance plutôt que sur la dépendance...."
"... Dans le cadre des portes ouvertes des ateliers d'artistes, les artistes roms exposent leurs oeuvres : tables, chaises, luminaires, mobilier de jardins, à partir de matériaux de récupération ..."
"... La belle histoire naît en janvier, en parallèle du projet de l'association Ecodrom93 qui a permis à une quarantaine de Roms de Montreuil de cultiver deux lopins de terre sur les hauteurs de la ville. Membre de ce collectif citoyen, le sculpteur montreuillois Christian Grisinger propose à cinq d'entre eux de participer à l'atelier Ecofer...."
".....On est dans la récupération de luxe avec un vrai travail créatif : chaque pièce est unique et signée, précise Christian Grisinger très fier de ses cinq recrues. J'ai découvert des gens faciles qui ont un vrai savoir-faire...."
"Des pommes de terre, des concombres, des tomates..... Entre deux coups de bêches, Pali réfléchit tout haut à ce qu'il veut faire pousser entre deux murs à pêches sur les hauteurs de Montreuil...... Ce père de famille de 36 ans, participe à une expérience inédite en France, baptisée Ecodrom, du nom de l'association qui les regroupe. ...."
"... et des réactions de solidarité, comme Ecodrom, portées par Colette et Jeanne et leurs amis. Ce projet cousu main, si on lui laisse une chance d'exister, sera humain, discret, pratique, poétique et futé. Allez donc voir de quoi il retourne sur www.ecodrom.org"